Drôle d’époque que la nôtre. J’avoue me sentir égaré dans ce tumulte informationnel où s’érige, insidieusement, une véritable dictature algorithmique dont il devient presque impossible de s’affranchir. Sommes-nous déjà condamnés, ou le serons-nous bientôt, à décliner des choix prédéfinis devant une machine pour espérer créer quelque chose ? Le point de bascule n’est-il pas déjà franchi ? Car voici que les œuvres humaines semblent reléguées au second plan, remplacées par une prolifération infinie de productions dictées par l’homme mais engendrées par la machine.
Ces instruments sont saisissants, parfois fascinants, mais sont-ils authentiques ? N’assistons-nous pas, impuissants, à une dépossession progressive de nos êtres, happés dans un corridor de fibre optique qui ne promet aucun retour ? Où donc se tient la réalité véritable, celle qui nous fonde et qui nous distingue encore comme humains ?
Je m’interroge. Dans mon petit monde, je continue à créer avec des outils qui me donnent l’illusion du talent, alors qu’il n’en est peut-être rien. L’illusion est brillante, mais elle met en lumière une blessure narcissique que nul baume ne semble pouvoir apaiser. Et moi, au milieu de ce vacarme numérique, je demeure perdu…